Le plus étrange est qu’il nous arrive de ressentir une forme de rancœur ou de déception à l’encontre des avis qui tiennent justement compte de notre sensibilité, de notre psychisme, qui nous révèlent à nous-mêmes dans notre fragilité la plus crue.
Nous souhaitons entendre des autres un avis que nous connaissons déjà, qui a sans doute tendance à nous rassurer, à conforter un choix intérieur déjà pris, même si nous savons que l’ensemble des conséquences qu’opéreront cette décision auront des répercussions que personne ne pourraient imaginer, ou si c’est le cas, l’importance de critères qui sont pour nous déterminants voire vitaux. Ces petits détails pour l’autre représentent des fardeaux insurmontables pour nous-mêmes.
Le doute est bien trop méprisé, conspué ou dénigré. Il démontre, pour beaucoup, les signes d’une faiblesse, qui ne s’ancre pas dans le scepticisme cartésien mais dans l’hésitation empirique.
Le doute est constitutif de toute pensée et, selon les phases que nous traversons, il peut être générateur de lui-même. Si bien que lorsque le doute engendre plus de doutes alors il devient stérile pour la pensée et les actions.
Contrairement au doute raisonné qui anime la réflexion et engage la pensée dans des processus constructifs.
Entre le doute psychologique et le doute rationnel, la frontière est ténue lorsque nous sommes sensibilisés par un événement. Les atermoiements qui nous assaillent fragilisent alors le doute rationnel qui n’a plus rien, ou presque, à voir avec la raison.
Toute la difficulté provient du fait de se frayer un chemin de lucidité, car contrairement à ce que l’on pourrait penser, le doute nécessite d’être "extralucide" pour s’en exprimer et s’en émanciper.
« Faire du cinéma, c’est inventer une nostalgie pour un passé qui n’a jamais existé »
Michael Cimino