Johnny got his gun

 Présentation du film de Dalton Trumbo aux élèves de terminale

 

Johnny got his gun 

(1971)





Johnny got his gun 

Johnny s’en va-t-en guerre, un film de Dalton Trumbo

 
Film américain réalisé par Dalton Trumbo, soutenu par son ami Luis Buñuel. Le film est sorti en 1971 mais il s'agit d'une adaptation cinématographique du roman du même nom de Dalton Trumbo, publié en 1939. 
La Seconde Guerre mondiale puis la Guerre Froide qui vaut à Trumbo d’être blacklisté parmi les « Dix d’Hollywood »* pour son engagement politique retardent la réalisation de ce film qui sera le seul film de Trumbo. Il reste un scénariste prolifique. 
 
 
   
 
  • Musique : Jerry Fielding
  • Photographie : Jules Brenner
  • Société de production : World Entertainment
  • Distribution : Cinemation Industries (États-Unis),
  • Format : noir et blanc et couleurs - 1,66:1 - son mono - 35 mm
  • Genre : drame, guerre
  • Film interdit aux moins de 12 ans lors de sa sortie en France


*Les « Dix d’Hollywood » sont dix producteurs, scénaristes ou réalisateurs de cinéma qui furent convoqués en 1947 par la Commission sur les activités anti-américaines.


L'auteur pensait initialement confier la réalisation du film à son ami cinéaste Luis Buñuel et avait également demandé à Salvador Dalí d'adapter son œuvre. Mais les deux hommes refusent car ils estiment que l’œuvre appartient à Dalton Trumbo et que seul lui peut la transposer à l'écran.

En 1971, les États-Unis étaient en pleine guerre du Viêt-Nam. La sortie du film et sa reconnaissance au festival de Cannes font directement écho à cette actualité. Les divers mouvements pacifistes et antimilitaristes des années 1970 reconnaissent dans ce film un réquisitoire majeur contre l’absurdité des guerres et la folie des hommes.


 

 

Textes philosophiques qui font écho au film

 

Céline, Voyage au bout de la nuit, (1932), Incipit

- Bardamu, qu'il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient bien, n'en dis pas de mal !...

- T'as raison, Arthur, pour ça t'as raison ! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres ! Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C'est lui qui nous possède ! Quand on est pas sages, il serre... On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger... Pour des riens, il vous étrangle... C'est pas une vie...

 

*

Alain, Esquisses de l’homme (1938), ch. XLVI (« La technique contre l’esprit »)

La puissance est plus aimée que le savoir ; et c'est une étrange loi de nos actions que le succès va toujours au-delà de ce que nous comprenons ; ainsi il n'y a point d'homme que le succès ne déshonore. La technique, en toute chose, est ce genre de pensée qui se méprise elle-même. Si je m'envole, au diable les théories. (…) Qui explique pourquoi le moteur ne tourne pas, il intéresse, faute de mieux ; mais celui qui fait tourner le moteur est un dieu. Où l'on saisit très bien que chacun attend l'occasion de trahir l'esprit. Mais le technicien parfait a sauté la barrière ; il a de l'esprit contre l'esprit. Tel est le renégat absolu ; et il y a de cette graine en tout homme. Chaque invention a humilié l'esprit, et consolé. On a fait l'arc, le treuil et la voile sans savoir assez ce qu'on faisait ; de même le moteur à essence et l'avion ; de même la grosse Bertha*. On a souvent remarqué que nos lointains ancêtres avaient une technique fort avancée avec des idées d'enfant. Nos descendants diront à peu près la même chose de nous ; car il est vrai que nous savons plus que les sauvages ; mais, en nous comme en eux, il y a toujours une pointe de puissance qui est en avance sur le savoir ; et, en nous comme en eux, toute avance de cette pointe tue une idée. De deux hommes qui méprisent leur propre savoir, celui qui sait le plus est le plus sauvage.



*Grosse Bertha : pièce d’artillerie lourde, montée sur rails, utilisée par l’armée allemande pendant la Première Guerre mondiale.

 

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Levinas, Totalité et infini (1961)

 

À propos de l’autre (l’autre homme, l’autre personne que je rencontre), Emmanuel Lévinas écrit :

« Nous n'avons pas de patrie commune ni même de concept commun, il est libre, je ne peux rien sur lui, il est l'Étranger, et cela suffit pour qu'il soit absolument autre. Je peux entrer en rapport avec lui par le langage. Le discours maintient la distance entre moi et lui, une séparation radicale qui empêche la reconstitution de la totalité. Le Moi ne peut renoncer à l'égoïsme de son existence. Tout ce qu'il peut faire, c'est reconnaître à autrui un droit sur cet égoïsme. Il peut s'incliner devant le transcendant, par bonté, par générosité. »

« Dans le meurtre, le meurtrier cherche l'anéantissement de l'autre, mais il se heurte à une impossibilité : il est impossible d'anéantir le visage d'autrui. Certes je peux le tuer, mais après-coup, du fond des yeux, son regard exprimera l'impossibilité morale. »

 

*

Camus, Le mythe de Sisyphe, (1942)

« Mon raisonnement veut être fidèle à l’évidence qui l’a éveillé. Cette évidence, c’est l’absurde. C’est ce divorce entre l’esprit qui désire et le monde qui déçoit. (…) Le bonheur et l’absurde sont deux fils de la même terre. (…) Il n’y a pas de soleil sans ombre, et il faut connaître la nuit. (…)

La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux. »

 

« Vivre sous ce ciel étouffant commande qu’on en sorte ou qu’on y reste. Il s’agit de savoir comment on en sort dans le premier cas, et pourquoi on y reste dans le second. Je définis ainsi le problème du suicide et l’intérêt qu’on peut porter aux conclusions de la philosophie existentielle. (…)

Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie. »

 

 

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Jean-Paul Sartre, La Nausée, 1938

« Donc j'étais tout à l'heure au jardin public. La racine du marronnier s'enfonçait dans la terre, juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappelais plus que c'était une racine. Les mots s'étaient évanouis et, avec eux, la signification des choses, leurs modes d'emploi, les faibles repères que les hommes ont tracés à leur surface. J'étais assis, un peu voûté, la tête basse, seul en face de cette masse noire et noueuse, entièrement brute et qui me faisait peur. Et puis j'ai eu cette illumination. (…) »

 

« Cette espèce de rumination douloureuse : j'existe, c'est moi qui l'entretiens. Moi. Le corps, ça vit tout seul, une fois que ça a commencé. Mais la pensée, c'est moi qui la continue, qui la déroule. J'existe. Je pense que j'existe. Oh ! le long serpentin, ce sentiment d'exister - et je le déroule, tout doucement... Si je pouvais m'empêcher de penser ! J'essaie, je réussis : il me semble que ma tête s'emplit de fumée... et voila que ça recommence : « Fumée... ne pas penser... Je ne veux pas penser... Je pense que je ne veux pas penser. Il ne faut pas que je pense que je ne veux pas penser. Parce que c'est encore une pensée. »
On n'en finira donc jamais ? Ma pensée, c'est moi : voilà pourquoi je ne peux pas m'arrêter. J'existe parce que je pense... et je ne peux pas m'empêcher de penser. En ce moment même - c'est affreux - si j'existe, c'est parce que j'ai horreur d'exister. C'est moi, c'est moi qui me tire du néant auquel j'aspire : la haine, le dégoût d'exister, ce sont autant de manières de me faire exister, de m'enfoncer dans l'existence. Les pensées naissent par derrière moi comme un vertige, je les sens naître derrière ma tête... si je cède, elles vont venir la devant, entre mes yeux - et je cède toujours, la pensée grossit, grossit, et la voilà, l'immense, qui me remplit tout entier et renouvelle mon existence. (...) Je suis, j'existe, je pense donc je suis ; je suis parce que je pense, pourquoi est-ce que je pense ? je ne veux plus penser, je suis parce que je pense que je ne veux pas être, je pense que je... parce que... pouah ! »

 

 

 

« Qui dit esprit dit avant tout conscience. Mais, qu'est-ce que la conscience ? Vous pensez bien que je ne vais pas définir une chose aussi concrète, aussi constamment présente à l'expérience de chacun de nous. Mais sans donner de la conscience une définition qui serait moins claire qu'elle, je puis la caractériser par son trait le plus apparent : conscience signifie d'abord mémoire. La mémoire peut manquer d'ampleur ; elle peut n'embrasser qu'une faible partie du passé ; elle peut ne retenir que ce qui vient d'arriver ; mais la mémoire est là, ou bien alors la conscience n'y est pas. Une conscience qui ne conserverait rien de son passé, qui s'oublierait sans cesse elle-même, périrait et renaîtrait à chaque instant : comment définir autrement l'inconscience ? Quand Leibniz disait de la matière que c'est " un esprit instantané ", ne la déclarait-il pas, bon gré, mal gré, insensible ? Toute conscience est donc mémoire − conservation et accumulation du passé dans le présent. Mais toute conscience est anticipation de l'avenir. Considérez la direction de votre esprit à n'importe quel moment : vous trouverez qu'il s'occupe de ce qui est, mais en vue surtout de ce qui va être. L'attention est une attente, et il n'y a pas de conscience sans une certaine attention à la vie. L'avenir est là ; il nous appelle, ou plutôt il nous tire à lui : cette traction ininterrompue, qui nous fait avancer sur la route du temps, est cause aussi que nous agissons continuellement. Toute action est un empiétement sur l’avenir. Retenir ce qui n'est déjà plus, anticiper sur ce qui n'est pas encore, voilà donc la première fonction de la conscience. Il n'y aurait pas pour elle de présent, si le présent se réduisait à l'instant mathématique. Cet instant n'est que la limite, purement théorique, qui sépare le passé de l'avenir ; il peut à la rigueur être conçu, il n'est jamais perçu ; quand nous croyons le surprendre, il est déjà loin de nous. Ce que nous percevons en fait, c'est une certaine épaisseur de durée qui se compose de deux parties : notre passé immédiat et notre avenir imminent. Sur ce passé nous sommes appuyés, sur cet avenir nous sommes penchés ; s'appuyer et se pencher ainsi est le propre d'un être conscient. Disons donc, si vous voulez, que la conscience est un trait d'union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre le passé et l'avenir. »

 

Bergson, « La conscience et la vie », L’énergie spirituelle





Quelle est la fonction primitive du langage ? C’est d’établir une communication en vue d’une coopération. Le langage transmet des ordres ou des avertissements. Il prescrit ou il décrit. Dans le premier cas, c’est l’appel à l’action immédiate ; dans le second, c’est le signalement de la chose ou de quelqu’une de ses propriétés, en vue de l’action future. Mais, dans un cas comme dans l’autre, la fonction est industrielle, commerciale, militaire, toujours sociale. Les choses que le langage décrit ont été découpées dans le réel par la perception humaine en vue du travail humain. Les propriétés qu’il signale sont les appels de la chose à une activité humaine. Le mot sera donc le même, comme nous le disions, quand la démarche suggérée sera la même, et notre esprit attribuera à des choses diverses la même propriété, se les représentera de la même manière, les groupera enfin sous la même idée, partout où la suggestion du même parti à tirer, de la même action à faire, suscitera le même mot. Telles sont les origines du mot et de l’idée. L’un et l’autre ont sans doute évolué. Ils ne sont plus aussi grossièrement utilitaires. Ils restent utilitaires cependant.

Bergson, La Pensée et le mouvant

 

*  

 

Les notions de succession et de durée ont pour origine une réflexion sur l’enchaînement des idées que l’on voit apparaître l’une après l’autre dans l’esprit ; cela me paraît évident : on n’a en effet aucune perception de la durée, sauf si l’on considère l’enchaînement des idées qui se succèdent dans l’entendement. Quand cette succession d’idées cesse, la perception de la durée cesse avec elle ; chacun l’expérimente en lui quand il dort profondément, que ce soit une heure ou un jour, un mois ou une année ; il n’a aucune perception de cette durée des choses tant qu’il dort ou ne pense pas : elle est totalement perdue pour lui. Entre le moment où il arrête de penser et celui où il recommence, il lui semble ne pas y avoir de distance. Il en serait de même pour une personne éveillée, je n’en doute pas, s’il lui était possible de garder une seule idée à l’esprit, sans changement ni variation ; quelqu’un qui fixe attentivement ses pensées sur une chose et remarque très peu la succession des idées qui passent en son esprit, laissera passer sans la remarquer une bonne partie de la durée : tant qu’il sera pris par cette contemplation stricte, il croira que le temps est plus court. (...) Il est donc pour moi très clair que les hommes dérivent leurs idées de la durée de leur réflexion sur l’enchaînement des idées dont ils observent la succession dans leur entendement ; sans cette observation, ils ne peuvent avoir aucune notion de durée, quoi qu’il arrive dans le monde.

 

Locke, Essai sur l’entendement humain



« Chacun de nous est un corps, soumis aux mêmes lois que toutes les autres portions de matière. Si on le pousse, il avance ; si on le tire, il recule ; si on le soulève et qu’on l’abandonne, il retombe. Mais, à côté de ces mouvements qui sont provoqués mécaniquement par une cause extérieure, il en est d’autres qui semblent venir du dedans et qui tranchent sur les précédents par leur caractère imprévu : on les appelle « volontaires ». Quelle en est la cause ? C’est ce que chacun de nous désignent par les mots «je » ou « moi ». Et qu’est-ce que le moi ? Quelque chose qui paraît, à tort ou à raison, déborder de toutes parts le corps qui y est joint, le dépasser dans l’espace aussi bien que dans le temps. Dans l’espace d’abord, car le corps de chacun de nous s’arrête aux contours précis qui le limitent, tandis que par notre faculté de percevoir, et plus particulièrement de voir, nous rayonnons bien au-delà de notre corps : nous allons jusqu’aux étoiles. Dans le temps ensuite, car le corps est matière, la matière est dans le présent, et, s’il est vrai que le passé y laisse des traces, ce ne sont des traces de passé que pour une conscience qui les aperçoit et qui interprète ce qu’elle aperçoit à la lumière de ce qu’elle se remémore: la conscience, elle, retient ce passé, l’enroule sur lui-même au fur et à mesure que le temps se déroule, et prépare avec lui un avenir qu’elle contribuera à créer. Même, l’acte volontaire, dont nous parlions à l’instant, n’est pas autre chose qu’un ensemble de mouvements appris dans des expériences antérieures, et infléchis dans une direction chaque fois nouvelle par cette force consciente dont le rôle paraît bien être d’apporter sans cesse quelque chose de nouveau dans le monde. Oui, elle crée du nouveau en dehors d’elle, puisqu’elle dessine dans l’espace des mouvements imprévus, imprévisibles. Et elle crée aussi du nouveau à l’intérieur d’elle-même, puisque l’action volontaire réagit sur celui qui la veut, modifie dans une certaine mesure le caractère de la personne dont elle émane, et accomplit, par une espèce de miracle, cette création de soi par soi qui a tout l’air d’être l’objet même de la vie humaine. »

L’énergie spirituelle, Chap. 2 « L’âme et le corps » de Bergson
 
*  
 

"Celui qui pourrait regarder à l’intérieur d’un cerveau en pleine activité, suivre le va-et-vient des atomes et interpréter tout ce qu’ils font, celui-là saurait sans doute quelque chose de ce qui se passe dans l’esprit, mais il n’en saurait que peu de chose. Il en connaîtrait tout juste ce qui est exprimable en gestes, attitudes et mouvements du corps, ce que l’état d’âme contient d’action en voie d’accom­plissement, ou simplement naissante : le reste lui échapperait. Il serait, vis-à-vis des pensées et des sentiments qui se déroulent à l’intérieur de la con­science, dans la situation du spectateur qui voit distinctement tout ce que les acteurs font sur la scène, mais n’entend pas un mot de ce qu’ils disent. Sans doute, le va-et-vient des acteurs, leurs gestes et leurs attitudes, ont leur raison d’être dans la pièce qu’ils jouent ; et si nous connaissons le texte, nous pouvons prévoir à peu près le geste ; mais la réciproque n’est pas vraie, et la connaissance des gestes ne nous renseigne que fort peu sur la pièce, parce qu’il y a beaucoup plus dans une fine comédie que les mouvements par lesquels on la scande. Ainsi, je crois que si notre science du mécanisme cérébral était parfaite, et parfaite aussi notre psychologie, nous pourrions deviner ce qui se passe dans le cerveau pour un état d’âme déterminé ; mais l’opération inverse serait impossible, parce que nous aurions le choix, pour un même état du cerveau, entre une foule d’états d’âme différents, également appropriés. Je ne dis pas, notez-le bien, qu’un état d’âme quelconque puisse correspondre à un état cérébral donné : posez le cadre, vous n’y placerez pas n’importe quel tableau : le cadre détermine quelque chose du tableau en éliminant par avance tous ceux qui n’ont pas la même forme et la même dimension ; mais, pourvu que la forme et la dimension y soient, le tableau entrera dans le cadre. Ainsi pour le cerveau et la conscience. Pourvu que les actions relativement simples — gestes, attitudes, mouvements — en lesquels se dégraderait un état d’âme com­plexe, soient bien celles que le cerveau prépare, l’état mental s’insérera exacte­ment dans l’état cérébral ; mais il y a une multitude de tableaux différents qui tiendraient aussi bien dans ce cadre ; et par conséquent le cerveau ne déter­mine pas la pensée ; et par conséquent la pensée, en grande partie du moins, est indépendante du cerveau."

 

L’énergie spirituelle, Bergson 

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Conscience de soi et conscience d'autrui

 

« Par le « Je pense », contrairement à la philosophie de Descartes, nous nous atteignons nous-mêmes en face de l’autre, et l’autre est aussi certain pour nous que nous-mêmes. Ainsi, l'homme qui s'atteint directement par le cogito découvre aussi tous les autres, et il les découvre comme la condition de son existence. Il se rend compte qu'il ne peut rien être (au sens où on dit qu'on est spirituel, ou qu'on est méchant, ou qu'on est jaloux) sauf si les autres le reconnaissent comme tel. Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre. L'autre est indispensable à mon existence, aussi bien d'ailleurs qu'à la connaissance que j'ai de moi. Dans ces conditions, la découverte de mon intimité me découvre en même temps l'autre, comme une liberté posée en face de moi, qui ne pense, et qui ne veut que pour ou contre moi. Ainsi découvrons-nous tout de suite un monde que nous appellerons l'intersubjectivité, et c'est dans ce monde que l'homme décide ce qu'il est et ce que sont les autres. ».

 

Jean-Paul Sartre, L’existentialisme est un humanisme (1946).

 

 
 

 

 

Les concepts éclairés par le film

 

  • LA CONSCIENCE
  • Activité psychique qui fait que je pense le monde et que je me pense moi-même. Et ce parce que la conscience est une mise à distance, une sorte de perception de ses états intérieurs et des objets extérieurs.
  • Sens psychologique : connaissance, intuition ou sentiment qu’un sujet possède de lui-même, de se états et de ses actes
  • Sens moral : capacité de formuler des jugements moraux, sur le bien et le mal

 

  • L'ABSURDE : 
    • L'étymologie du mot absurde vient du latin absurdus qui signifie « dissonant ».
    • C'est ce qui est contraire et échappe à toute logique. C'est la difficulté de l'Homme à comprendre le monde dans lequel il vit.
    • Plusieurs philosophes et écrivains étudient et témoignent de ce sentiment de l'absurde qui peut s’apparenter à la « nausée » qu'inspire le caractère machinal de l'existence sans but ; il peut naître aussi du sentiment d'étrangeté de la nature, de l'hostilité du monde dans lequel on se sent tout à coup étranger. Ou encore de l'idée que tous les jours d'une vie sans éclat s’enchaînent stupidement. Mais c’est aussi l’idée forte selon laquelle il n’y a pas de sens à rechercher dans cette existence – accepter cela peut être une condition d’une forme de bonheur.    
 
  • Dignité : sentiment de la valeur intrinsèque de la personne (la personne a une valeur en elle-même et pas pour son utilité, son statut ou autre) ; c’est ce qui exige le respect de l’autre.

  • Dualisme : système de pensée, de croyance qui sépare et oppose deux principes (par exemple, le corps et l’esprit ou la matière et le spirituel).

  • Perception : opération complexe de l’esprit par laquelle on organise les données que nous transmettent les sens et on se représente les objets extérieurs.

 


 

Les questions philosophiques suscitées par le film

 

 

L’homme se réduit il à sa conscience ? 

 

 

Peut on envisager un corps sans conscience ?                               

 

 

 Ai-je un corps ou suis-je mon corps ?

 

La conscience est-elle une prison ?                                                         

 

 

Comment comprendre la notion de vie intérieure ?

 

 

Le corps est-il une prison ? 

 

 

Comment peut-on sortir du dualisme corps - esprit ? 

 

 

 

L’imaginaire rend-il possible une forme de liberté ? 

 

 

 

Dans quelle mesure peut-on affirmer que la conscience n'est pas un donné mais une tâche ?

 

 

Être conscient de soi est-ce être maître de soi ?

 


Suffit-il de percevoir des objets pour les connaître ?

 

Le réel se réduit-il à ce que l'on perçoit ?

 

Percevoir, est-ce seulement recevoir ?

 

Peut-on apprendre à percevoir ?

 

Quand nous percevons, comment savons-nous que nous ne rêvons pas ?

 

La perception ne nous permet-elle d'atteindre que des apparences ?


 

La conscience de devoir mourir peut-elle susciter chez l'homme d'autres sentiments que la peur ?

 

 

 La conscience de soi suppose-t-elle autrui ?

 


« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » (Rabelais)

 

 

 

Toute civilisation se construit-elle sur les conflits ?

 

 

 

La guerre est-elle une nécessité ?

 

 

 

L'indignation morale dispense-t-elle de l'analyse ?


 

 

Films en lien :

  • Sur la conscience

  • Apocalypse now de Coppola
  • Mémento de Nolan
  • 2001, l’odyssée de l’espace (hal 9000) de Kubrick
  • Dans la peau de John Malkovitch
  • La femme défendue de Harel
  • Le scaphandre et le papillon
  • L’armée des 12 singes de Gilliam
  • Vertigo de Hitchcock
  • Sur l’enfermement (physique et ou psychique)

  • Papillon de Schaffner
  • Les évadés
  • Une merveilleuse histoire du temps
  • Shining de Kubrick
  • Sur la mémoire

  • Mémento de Nolan La mémoire dans la peau
  • Mulholand drive de Lynch
  • Vertigo de Hitchcock
  • L’homme sans passé de Coppola
  • Limitless de Burger
  • L’armée des 12 singes de Gilliam
  • Sur la perception

  • Perfect sense
  • I origins
  • Interstellar (perception du temps) Dunkerk (idem) de Nolan
  • Sur la guerre (antimilitarisme)

  • Outrages de De Palma
  • Le dictateur de Chaplin
  • Voyage au bout de l’enfer de Cimino
  • Full métal jacket de Kubrick
  • Sur les rêves

  • Un chien andalou de Bunuel
  • La maison du docteur Edwards de Hitchcock
  • Huit et demi de Fellini
  • Inception de Nolan
  • La science des rêves de Gondry
  • Rêves de Kurosawa
  • Vertigo de Hitchcock