Sciences-Friction(s) (Terrasson 2019)


Dorénavant au lycée de Terrasson

SCIENCES-FRICTION(S)


ATTENTION 2ème date modifiée :
la séance aura lieu le vendredi 29/03 à 13h



Nouveau projet qui démarre en février 2019
En collaboration et co-animation avec C. Lémonie 
(professeur de Physique-Chimie)


« Le bon sens, quoi qu'il fasse, ne peut manquer de se laisser surprendre à l'occasion. Le but de la science est de lui épargner cette surprise et de créer des processus mentaux qui devront être en étroit accord avec le processus du monde extérieur, de façon à éviter, en tout cas, l'imprévu »
Bertrand Russell



Objectifs :

(Re)donner un attrait aux sciences qui passe par la curiosité, l'imagination et le rêve.
Susciter un intérêt et une curiosité pour les sciences (sciences exactes et sciences humaines) en présentant un problème, une expérience, une phrase, un paradoxe, une situation (réelle ou imaginaire), une question, un événement de l’actualité (ondes gravitationnelles, boson de Higgs,  mission spatiale ....), un extrait de film, un texte (extrait livre ou article scientifique).
A partir de l'un de ces ingrédients, sans faire un cours, il s'agit de déployer un exposé qui apporte des éléments de réponses factuels s'appuyant sur des connaissances scientifiques (objectives) mais qui peut laisser une part inexpliquée ou insatisfaite afin de susciter chez le public une forme de frustration positive qui le pousse à approfondir la question par ses propres moyens. Nous sommes là pour ouvrir des portes, libre aux élèves de franchir leurs seuils....
SL
  • Disciplines concernées :
    • Physique
    • Mathématiques
    • SVT
    • Philosophie
    • ...
  • Public concerné : élèves du lycée.
  • Approches envisagées : traitement par "paradoxe"

Qu'est-ce qu'un paradoxe ?

Le paradoxe est le plus souvent un ensemble d’au minimum deux affirmations qui impliquent une tension conflictuelle entre elles, notamment lorsqu'elles semblent évidemment vraies. Toutefois, certains paradoxes, comme celui du menteur, ne sont formés que d'une seule affirmation, ayant plusieurs conséquences apparemment logiques, mais contradictoires.

Un paradoxe, d'après l'étymologie (du grec paradoxos, « παράδοξος » : « contraire à l'opinion commune », de para : « contre », et doxa : « opinion »), est une idée ou une proposition à première vue surprenante ou choquante, c'est-à-dire allant contre le sens commun. En ce sens, le paradoxe désigne également une figure de style consistant à formuler, au sein d'un discours, une expression, généralement antithétique, qui va à l'encontre du sens commun.

Le paradoxe, comme le précise la neuvième édition du dictionnaire de l'Académie française, en est venu à désigner plus tard, de façon plus restrictive, une proposition qui contient ou semble contenir une contradiction logique, ou un raisonnement qui, bien que sans faille apparente, aboutit à une absurdité, ou encore une situation qui contredit l'intuition commune malgré la définition originelle dans la huitième édition de ce même dictionnaire.

Le paradoxe est un puissant stimulant pour la réflexion. Il est souvent utilisé par les philosophes pour nous révéler la complexité inattendue de la réalité. Il peut aussi nous montrer les faiblesses de l'esprit humain et plus précisément son manque de discernement, ou encore les limites de tel ou tel outil conceptuel. C'est ainsi que des paradoxes basés sur des concepts simples ont permis de faire des découvertes en science ou en philosophie ainsi qu'en mathématiques et en biochimie.

On trouvera une collection importante de paradoxes dans la catégorie Paradoxe. Voir aussi les petites expériences de pensée (de la physique), les raisonnements fallacieux ou sophismes (en rhétorique).


Source: Wikipédia



Le Web parle de nous : Le webpédagogique

cafepedagogique


1ère séance : LES PARADOXES DU TEMPS 

Affiche réalisée par Studio iGraphics



1/Film et contexte 

  • À propos du film.

Interstellar est un véritable film de science-fiction, c’est à dire qu’il prend le pari de faire de la fiction en intégrant des concepts scientifiques validés. Ces films sont très rares, car la plupart du temps les notions scientifiques sont bafouées, détournées ou même ignorées au profit du seul spectacle. 
Des films comme Star Wars, Star Trek, La planète des singes ou plus récemment Gravity sont des blockbusters dont le seul objectif est de divertir mais pas de donner à penser.
Nolan veut s'inscrire dans la lignée de 2001, l'odyssée de l'espace (1968) de S. Kubrick, qui demeure la référence insurpassable en matière de film de science-fiction ayant également cette double ambition de divertir et de donner à penser. Ces deux œuvres majeures du 7e art utilisent les dernières avancées technologiques de leur époque.   

Christopher Nolan, le réalisateur de Interstellar a souhaité faire un film qui met en scène des théories scientifiques avérées (en l’occurrence la théorie de la relativité générale). Pour l’écriture du film il travaille avec son frère comme souvent et à partir d’un scénario original il va construire une histoire complexe, réaliste et à laquelle tout spectateur peut s’identifier. (Voir Time Line du film plus bas).

Ce film démontre avec brio qu’il est possible de faire un film divertissant et intelligent. De plus il ne s’agit pas pour Nolan de faire un cours de physique mais de rendre compte de phénomènes physiques dans une fiction contenant tous les éléments traditionnels, une histoire ambitieuse, de l’émotion et surtout des personnages singuliers aux destins exceptionnels.
Aussi on trouvera dans ce film quelques points sur lesquels on pourra discuter sur le plan scientifique car ils sont pour C. Nolan des choix esthétiques assumés ou des conjectures que la science n'a pas encore validée (observée). Toute la fin du film est à ce sujet truffée de ce type d'éléments, ce qui n'enlève rien à certaines autres séquences comme celle, par exemple, qui sera étudiée lors de la projection.  

C. Nolan poursuit sa longue quête sur le Temps, concept qui le fascine depuis Mémento, Inception et plus récemment Dunkerque. Ces films exposent différentes conceptions de cette notion, au combien difficile à appréhender, et tellement cinématographique. Le cinématographe est par essence l’art du temps. Nolan est un auteur qui est devenu, notamment grâce à ses films Batman, un réalisateur très identifié à Hollywood et il est l'un des seuls avec David Fincher à pouvoir se targuer d’associer un cinéma grand public et un cinéma d’auteur. Ces films coûtent de plus en plus chers et les studios sont à même de financer de tels projets. Ce point est crucial pour comprendre la stratégie de tels réalisateurs.

  • Différentes explorations du temps. 

Dans Mémento Nolan explore les capacités de la mémoire d’un homme qui perd tout souvenir au delà de 15 minutes. C’est un travail de reconstruction qui s’élabore pour le personnage principal qui peu à peu rassemble les éléments d’un puzzle qui constitue la trame de son existence et où se mêle une intrigue policière conventionnelle. Cette exploration permet au spectateur de vivre (beaucoup de cameras subjectives) une réalité dont certains éléments sont manquants. Le temps est au cœur de la mémoire.
Inception est l’occasion pour Nolan de construire un scénario autour du rêve et de l'intrication de la réalité dans le virtuel et réciproquement. Son scénario est très complexe car le spectateur est irrémédiablement perdu dans ces imbrications, telles des poupées russes, de rêves qui s'incorporent à d’autres jusqu'à ne plus savoir quelle est la temporalité qui anime les personnages et donc déstabilise notre notion conventionnelle du temps cinématographique. Les rêves ne sont-ils pas les éléments humains qui par nature déforment et dilatent le temps durant notre sommeil ? Ils nous en donnent dans tous les cas cette impression, alors que nous savons qu’ils ne durent, pour certains, que quelques fractions de secondes. Ainsi, le cinéma est le lieu par excellence pour montrer cette réalité. D’autres cinéastes, en particulier à l’époque de la période surréaliste (années 20), comme Bunuel/Dali (Un chien Andalou, L’âge d’or,...) puis Hitchcock (La maison du Docteur Edwards) utiliseront cette thématique puissante et cinégénique. Le cinéma et le rêve entretiennent depuis toujours un lien très intime.
Plus récemment Dunkerque est un film qui met en scène une séquence historique de soldats britanniques bloqués dans le port de Dunkerque durant la seconde guerre mondiale. C’est, je pense, le film qui permet le mieux de comprendre les conceptions de temps et de durée telles qu’elles peuvent être étudiées par Bergson. Le plus troublant dans ce film de genre (comme l’est Interstellar) est de voir les différents niveaux de lectures. Nolan s’intéresse aux différents points de vues vécus par chacun des protagonistes et des confrontations des différentes temporalités mises en jeu dans une seule et même séquence, le rapatriement de troupes britanniques en Angleterre. Tous les événements sont concomitants mais ce qui mobilise l’intention du réalisateur est de nous montrer que la simultanéité n’existe pas de la même manière selon le référentiel (ici temporel) où se situe(nt) son ou ses protagonistes. Le début du film met en place la situation magistralement et le temps est linéaire. Pour nous spectateur ce sera notre premier référentiel.
On voit bien qu’il ne s’agit pas d’une volonté de mettre en exergue une théorie scientifique, comme dans Interstellar, mais de souligner l'aspect plus philosophique de la temporalité en distinguant le temps vécu (subjectivité) et le temps soi disant objectif (ou narratif).

SL 
  • Les conditions de réalisation de Interstellar.

Pour réaliser ce film Nolan a fait appel à Kip Thorne astrophysicien spécialiste de la gravitation. Il est à l’origine d’un ouvrage référence Gravitation qui vient d’être réédité. La première publication date des années 60. Il a été écrit avec J. Wheeler (c'est à lui que l'on doit les noms "trou noir" ou "trou de ver") et Misner.
Du reste Kip Thorne a exigé de Nolan que sa participation au film soit assujettie à la plausibilité des scènes sur le plan scientifique.


Dans le film on retrouve plusieurs notions ou objets scientifiques :
  • Trou de ver
  • Trou noir
  • Relativité générale
  • Gravitation
  • Effet de marées (force de marées)
  • Temps
  • Paradoxes des jumeaux
  • Disque d’accrétion
  • Voyage dans le temps
  • Tesseract
  • Effets du vide (son)
  • Trou noir de Kerr 
SL 
Timeline du film Interstellar

C'est à partir de la "timeline" (frise chronologique) du film que l'on se rend compte de la complexité du scénario et des liens entre séquences et ou personnages. C'est un outil très précieux pour comprendre, de façon synoptique, les liens et les implications d'une séquence sur une autre, du fait du sujet du film qui traite de la temporalité et de sa non-linéarité.






  • Qu'est-ce que la science-fiction ?


La science-fiction est un genre narratif, principalement littéraire (littérature et bande dessinée) et cinématographique. Comme son nom l'indique, elle consiste à raconter des fictions reposant sur des progrès scientifiques et techniques obtenus dans un futur plus ou moins lointain (il s'agit alors également d'anticipation), ou physiquement impossibles, du moins en l'état actuel de nos connaissances. Elle met ainsi en œuvre les thèmes devenus classiques du voyage dans le temps, du voyage interplanétaire ou interstellaire, de la colonisation de l'espace, de la rencontre avec des extra-terrestres, de la confrontation entre l'espèce humaine et ses créations, notamment les robots et les clones, ou de la catastrophe apocalyptique planétaire. 
L'intrigue des récits de science-fiction peut se dérouler sur Terre (utopie, dystopie, contre-utopie) ou dans l'espace (vaisseau spatial, exoplanètes). 
Elle peut décrire la science dure avec le biopunk, le cyberpunk et postcyberpunk (robots) en partant des connaissances actuelles (scientifiques, technologiques, et ethnologiques). 
Elle peut parfois être associée à d'autres genres, comprenant une dimension inexplicable ou imaginaire comme la religion qui associe à la fois le fantastique (steampunk et réalisme fantastique : mythologie, extra-terrestre, monde perdu, mondes parallèles) et la fantasy (space fantasy faisant souvent intervenir la magie), ainsi que la guerre ou l'humour.

Source: Wikipédia


Filmographie Christopher Nolan 





2/Les enjeux scientifiques 

Liens vers d'autres sites ou blogs :




Voir présentation les jour j


Bientôt en ligne présentation Power-Point de la séance


PRESENTATION POWER POINT


  • Un peu de philosophie des sciences :

"Le terme de paradigme, utilisé par Thomas Samuel Kuhn, en 1962, dans La structure des révolutions scientifiques, est couramment employé pour désigner un modèle quelconque. Pour Kuhn, il s'agit des principes et méthodes partagés par une communauté scientifique. C'est un modèle épistémique qui fait autorité et regroupe les chercheurs pour un temps, puis sera remplacé par un autre à la suite d'une révolution scientifique qui changera profondément les manières de voir." 
Thomas Kuhn 




  •  Proust et le Temps :

Proust, au début de son œuvre, (A la recherche du temps perdu), avait une vision du temps subordonnée aux souvenirs, à sa faculté d'être indépendant de l'espace. Il modifie quelque peu cette vision à la fin de son œuvre dans Le temps retrouvé, grâce notamment aux travaux d’Einstein, avec qui il avait échangé, pour lui donner une dimension spatio-temporelle relative au nouveau paradigme d'espace-temps développé dans sa théorie de la relativité générale. Il y décrit ici exactement, avec son génie littéraire, que nous sommes des "hommes juchés sur de vivantes échasses grandissant sans cesse".






«… assis sur une chaise, combien il avait peu vieilli bien qu’il eût tellement plus d’années que moi au-dessous de lui, dès qu’il s’était levé et avait voulu se tenir debout avait vacillé sur des jambes flageolantes comme celles de ces vieux archevêques sur lesquels il n’y a de solide que leur croix métallique et vers lesquels s’empressent les jeunes séminaristes, et ne s’était avancé qu’en tremblant comme une feuille, sur le sommet peu praticable de quatre-vingt-trois années, comme si les hommes étaient juchés sur de vivantes échasses grandissant sans cesse, parfois plus hautes que des clochers, finissant par leur rendre la marche difficile et périlleuse, et d’où tout d’un coup ils tombent. Je m’effrayais que les miennes fussent déjà si hautes sous mes pas, il ne me semblait pas que j’aurais encore la force de maintenir longtemps attaché à moi ce passé qui descendait déjà si loin, et que je portais si douloureusement en moi ! Si du moins il m’était laissé assez de temps pour accomplir mon œuvre, je ne manquerais pas de la marquer au sceau de ce Temps dont l’idée s’imposait à moi avec tant de force aujourd’hui, et j’y décrirais les hommes, cela dût-il les faire ressembler à des êtres monstrueux, comme occupant dans le Temps une place autrement considérable que celle si restreinte qui leur est réservée dans l’espace, une place, au contraire, prolongée sans mesure, puisqu’ils touchent simultanément, comme des géants, plongés dans les années, à des époques vécues par eux, si distantes, — entre lesquelles tant de jours sont venus se placer — dans le Temps." 

FIN
Marcel PROUST - Le temps retrouvé