mercredi 11 octobre 2023

La vie ou l’art des choix !

 
La vision que l’autre peut avoir de nos choix importants dans la vie n’a de véritable valeur que dans la mesure où il comprend l’ensemble des perceptions que nous ressentons et la psychologie qui nous anime au moment de ce dilemme - Chose impossible - C’est pourquoi lorsque nous demandons l’avis aux autres, il ne comprend presque exclusivement que les aspects objectifs contenus dans ce choix.
D’une part, très peu sont à même de tenir compte de notre psychologie dans leur analyse et d’autre part, c’est exactement ce que nous recherchons tout en le déplorant.

Ainsi, il n’est pas rare, dans ces moments de doutes profonds, de demander l’avis à une personne que nous ne connaissons que très peu et réciproquement, afin de nous focaliser sur une objectivité la moins subjective à notre endroit qui soit.

Le plus étrange est qu’il nous arrive de ressentir une forme de rancœur ou de déception à l’encontre des avis qui tiennent justement compte de notre sensibilité, de notre psychisme, qui nous révèlent à nous-mêmes dans notre fragilité la plus crue.

Nous souhaitons entendre des autres un avis que nous connaissons déjà, qui a sans doute tendance à nous rassurer, à conforter un choix intérieur déjà pris, même si nous savons que l’ensemble des conséquences qu’opéreront cette décision auront des répercussions que personne ne pourraient imaginer, ou si c’est le cas, l’importance de critères qui sont pour nous déterminants voire vitaux. Ces petits détails pour l’autre représentent des fardeaux insurmontables pour nous-mêmes.

Le doute est bien trop méprisé, conspué ou dénigré. Il démontre, pour beaucoup, les signes d’une faiblesse, qui ne s’ancre pas dans le scepticisme cartésien mais dans l’hésitation empirique.
Le doute est constitutif de toute pensée et, selon les phases que nous traversons, il peut être générateur de lui-même. Si bien que lorsque le doute engendre plus de doutes alors il devient stérile pour la pensée et les actions.

Contrairement au doute raisonné qui anime la réflexion et engage la pensée dans des processus constructifs.
Entre le doute psychologique et le doute rationnel, la frontière est ténue lorsque nous sommes sensibilisés par un événement. Les atermoiements qui nous assaillent fragilisent alors le doute rationnel qui n’a plus rien, ou presque, à voir avec la raison.
Toute la difficulté provient du fait de se frayer un chemin de lucidité, car contrairement à ce que l’on pourrait penser, le doute nécessite d’être "extralucide" pour s’en exprimer et s’en émanciper.

SL

« Faire du cinéma, c’est inventer une nostalgie pour un passé qui n’a jamais existé »

Michael Cimino


L’adagio de la 9e de Ludwig Van fait du bien à l’âme, il nous immerge dans l’essentiel, au cœur de nous-mêmes. Ce mouvement est une émanation de la dynamique de l’âme qui s’adresse au rythme intime de l’auditeur. Sa pulsation s’accorde, comme aucune autre œuvre à celle de la vie. Comment peut-on vivre et exister sans être entré dans la beauté de cette œuvre ?

SL

Il est frappant de constater la différence entre les êtres sur la perception des détails. La plupart n’ont pas cette acuité qui leur permettent de sentir le réel tel qu’il est. Ils possèdent une vision globale et donc superficielle des actions à mener car ils ne s’imaginent pas la somme chronologique des petites actions qui mènent à un résultat. Ils se contentent de l’approximation et non de l’exactitude. Ils sont pareils dans leur propre vie. Un certain laxisme qui certes leur empêche de voir les difficultés mais ils sont incapables de peaufiner et d’aller au fond des choses.

Le pire est lorsque ces personnes agissent de la sorte pour les affaires qui ne les concernent pas directement mais qu’ils aient une tout autre attitude pour les affaires qui les préoccupent.

La beauté se cache dans les détails, comme l’anxiété.

L’âme de l’homme est une lame de fond sine qua none qui nomme l’aumône de l’anémone pour les mômes du slalom. C’est « shalom », un misérable petit ohm, sans résistance, effacé par la gomme d’une came


Triste tropisme

Il y a des jours où tout semble rempli d’une vacuité indicible, d’un insensé destin que l’absurde finit par nous achever d’un coup de feu dans le temps qui passe. Où vais-je ? Dans cet univers dont la beauté recherchée nous échappe, inaccessible ou hors de nos moyens.

La fatigue physique est saine et bienfaisante, elle entretient avec notre corps un lien étroit qui nous relie au reste du corps et en particulier à notre psychisme. À l’inverse la fatigue psychique est un fardeau qui nous ronge à petit feu, décorrélant notre corps de notre esprit.

Il faut savoir s’effacer dans les méandres du temps, ne pas laisser d’espace entre soi et les autres, pas le moindre interstice, afin de nous rendre à notre solitude.

SL


"Sans poètes, sans artistes, tout tomberait dans le chaos.
Il n'y aurait plus de saisons, plus de civilisations, plus de pensée, plus d'humanité, plus même de vie…"

 

Guillaume Apollinaire
né le 26 août 1880 à Rome



 

 « Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes.

 L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.

Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux.

En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur.

L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. »

Günther Anders, "L’Obsolescence de l’homme" (Editions Ivréa), 1956