jeudi 28 septembre 2023

Vers une collapsologie de l’éthique éducative.

Le monde des valeurs, à savoir une éthique, s’effondre, jusqu’au point où certains élèves ou étudiants s’arrogent le droit de prétendre qu’ils en savent plus que leur professeur. J’apporterai une nuance sur ce travers d’une typologie de ces spécimens qui, nonobstant leur imprécision, ne connaissent pas et ne pratiquent pas la rigueur mathématique, par exemple, comme il se devrait, et croient que leurs méthodes sont plus adaptées - ce qui signifie chez eux qu’ils ne tiennent pas compte des remarques des enseignants mais qu’ils sont persuadés que leur raisonnement est correct, après des circonvolutions pseudo théoriques qui ne correspondent qu’à une forme de bricolage avec l’outil mathématique et non d’une démarche scientifique probante.

Cette transvaluation, constatée déjà sur d’autres niveaux scolaires, est bien le signe d’un monde décadent où les apprenants deviennent des pseudo sachants, consommateurs aguerris qui affirment avant tout, pour finalement, ne pas progresser et non des questionneurs qui douteraient pour chercher à progresser dans leurs apprentissages dans et par un travail méthodique, rigoureux et par-dessus tout personnel.

Ce triste constat est bien le reflet d’un laxisme pédagogique dans certains cas, voire éducatif dans d’autres, pris au pied de la lettre et de la confusion qui s’opère dans ces esprits entre liberté et licence, arrogance et humilité.

Il faut bien comprendre qu’un cerveau de jeune enfant, qui plus est de jeune adulte, ou d’un adolescent tardif, comme on voudra, ne seront sensibles qu’aux penchants hédonistes comme notre société sait si bien les promouvoir et leur tendre ce piège dans lequel ils tombent avec délectation, et non aux impératifs catégoriques de la raison et des limites de la raison que seule la frustration permette.

Cette dernière, « la grande absente », est le seul moyen de permettre aux cerveaux de se construire, de se forger et paradoxalement de se libérer. Et, cherchons l’erreur, ce postulat se retrouve dans certaines familles dont les codes ne se sont pas (encore) effondrés.

Si nous, corps enseignant, préparons des jeunes esprits à s’épanouir dans un domaine professionnel, nous devons être vigilants à maintenir une exigence constante et des attendus réguliers dans l’acquisition de compétences mathématiques, ou scientifiques plus généralement, mais par dessus tout, de sculpter des citoyens qui ne vivent pas dans le seul présent (présentisme) mais qui sachent se projeter comme disait Sartre au travers d’actes et d’une exigence retournée sur eux-mêmes et non sur le monde extérieur duquel ils attendent tout, sans effort, prêts à consommer pour satisfaire leur(s) seul(s) besoin(s) primaire(s) qui n’a rien à voir avec la posture d’un apprenant qui devrait avoir comme ligne de conduite de sculpter son esprit.

Toute l’actualité récente est bien la preuve que quelque chose s’est passé dans les esprits qui n’annonce rien de bon quant à l’avenir. Heureusement il restera des résistants, qui maintiennent par la culture, l’exigence éducative et par la passion de la transmission, une autre idée du lien à l’autre, de l’altruisme et de cette volonté d’élever des esprits et non de les abrutir.

 SL

vendredi 22 septembre 2023

(Hommage à S. G. et R. D.)


Tout ou rien, tout est rien et rien est tout.

Un rien peut-être tout selon quelle subjectivité il traverse,

Un tout n’est rien s’il n’est pas associé à du sens,

Ce rien du tout est déjà beaucoup si on le cultive comme un tout,

Un atout du rien est d’être tout pour soi,

Il n’est pas néant, vide de rien,

Mais un ensemble de rien du tout,

Ou presque tout apparaît comme nier le rien,

Ou douter du tout.






(3e suite pour violoncelle seul - Britten - Gaillard)


Cette pièce résume à elle seule toute l’histoire de la musique. Un chant du cygne, une ode à la mélancolie, une complainte, un hymne à l’essence du geste musical, une transfiguration de l’humble place de l’être dans le monde. 
Un poème, une sarabande infinie tout « simplement » qui nous contemple. Il y a des musiques après lesquelles plus rien n’existe, ou plutôt si, tout est là ! Il est impossible après cette prière païenne de se mouvoir, mais bien de s’émouvoir. Seules, les larmes d’émotion qui coulent le long de nos joues, le silence le plus profond qui soit, suivent cette intensité sensorielle, que l’on entend et que l’on entendra à jamais. Une musique pour l’éteinte de l’éternité.


 « Faire du cinéma, c’est inventer une nostalgie pour un passé qui n’a jamais existé »


Michael Cimino



« We did not asked for this room or this music. We were invited in.

Therefore, because the dark surrounds us, let us turn our faces to the light.

Let us endure hardship to be grateful for plenty.

We have been given pain to be astounded by joy.

We have been given life to deny death.

We did not ask for this room or this music.

But because we are here, let us dance. »



« Nous n’avons pas demandé cette salle ou cette musique. Nous y avons été invités.

En conséquence, parce que l’obscurité nous entoure, laissez-nous tourner nos visages vers la lumière.

Laissez-nous endurer les épreuves et être reconnaissants pour ce que nous avons.

On nous a donné la douleur pour être stupéfaits par la joie.

On nous a donné la vie pour refuser la mort.

Nous n’avons pas demandé cette salle ou cette musique.

Mais puisque nous sommes là, dansons. »

Stephen King

Extrait série : 11.22.63